[AVIS] STREET FIGHTER: RETOUR SUR LE FILM LIVE
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Vous n'avez peut être pas remarqué dans les étales des rayons blu-ray, mais parmi les grosses nouveautés se cache l'édition en boitier Steelbook de STREET FIGHTER: le film, disponible (enfin) depuis ce 06 Février.
Sorti en 1995 dans nos vertes contrées, le film, censé asseoir la popularité de Jean Claude Van Damme, s'est pris un petit flop (ou succès mitigé), en plus d'un bashing par les fans du jeu vidéo, empêchant "les muscles de Bruxelles" d'entrer au panthéon des actions stars aux côtés de Bruce Willis, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger.
Retour en arrière: Malgré le gros flop du film SUPER MARIO BROS, le producteur Edward R. Pressman (PHANTOM OF THE PARADISE, CONAN LE BARBARE, THE CROW, JUDGE DREDD) acquiert les droits ciné du jeu vidéo STREET FIGHTER II, l'énorme hit depuis sa création en 1990, vendu à des millions d'exemplaires (sans compter les milliers de pièces d'1 franc que nous avons laissé dans les bornes d'arcade). En étroite collaboration avec la maison mère CAPCOM, STREET FIGHTER devait être à la base une grosse série tv de 12 épisodes afin d'intégrer tous les personnages du jeu. Beaucoup trop cher, le producteur choisit l'option film et met sur la table 35 Millions de Dollars pour donner vie aux personnages pixelisés.
La réalisation échoit à Steven E. De Souza, ex-scénariste star (48 Heures, Die Hard 1 & 2, Commando,...) qui n'a à son actif derrière la camera que 2 films passés inaperçus et un épisode de la série LES CONTES DE LA CRYPTE. Bref, pas de quoi lui donner les rennes d'un blockbuster et future franchise à succès et pourtant, le réalisateur voit l'opportunité de faire une saga à la James Bond mixé à des films de "missions suicide" tels que LES DOUZE SALOPARDS, LES BERETS VERTS, LA GRANDE EVASION ou encore LES CANONS DE NAVARONE. Il y a pire comme référence.
Et quoi de mieux que LA star du grand écart facial et du coup de pied retourné, à savoir Jean Claude Van Damme, pour incarner le héro du film, le colonel Guile, charger de délivrer 63 membres des Nations Alliées retenus en otage par le général Bison (l'excellent Raul Julia, ici terriblement affaibli et amaigri par la maladie et dont ce sera son dernier rôle avant de décéder peu après le tournage du film). Pour cela, il fait appel à plusieurs combattants et s'en va "administrer à ce sale fumier de Bison une déculottée si sévère que le prochain aspirant Bison aura chaud aux fesses" (dixit Guile lors d'un speech patriotique de haute volée).
Une histoire somme toute classique mais pour un jeu de baston, on en demandait pas tant. D'autant que De Souza prend son temps en présentant chaque personnage et c'est là que le bat blesse. Chun-Li (jouée par Ming-Na Wen, future Melinda May de la série LES AGENTS DU SHIELD) est désormais une journaliste d'investigation accompagnée de Balrog en caméraman et Honda à la régie ! Ken et Ryu sont 2 petits arnaqueurs qui vont, malgré eux, prendre part à la bataille. Quand à Blanka, je vous laisse voir le sort qui lui est réservé.
En voulant "crédibiliser" à l'écran les personnages du jeu, le réalisateur se prend les pieds dans le tapis. Et ce n'est pas son casting raté qui va arranger les choses. Kylie Minogue (illustre inconnue aux States à l'époque, elle fut engagée par le réalisateur après qu'il ait vu une photo d'elle dans un magazine) en Cammy, c'est pas ce qu'on appelle un choix judicieux et mis à part un Van Damme prédisposé aux arts martiaux, tous les autres acteurs n'ont aucune expérience dans le "mano à mano". C'est donc à Benny Urquidez (champion de Kickboxing, chorégraphe sur de nombreux films et acteur, dont 2 films avec Jackie Chan) d'avoir la lourde tache de rendre tout ce petit monde crédible dans la peau de "street fighters".Peine perdue à nouveau, les acteurs ont tous l'air de combattre avec un balai dans le ... fondement.
Les ambitions affichées par le réalisateur dégringolent et décide de changer de direction en faisant une parodie du genre. Nous auront donc droit à des scènes comiques bien balourdes en faisant de Zangief un demeuré au QI d'une huître et Dee-Jay le "black de service qui fait des blagues". Raul Julia, conscient de la bétise du script, cabotinera à outrance, faisant de Bison, un despote enragé digne d'un Fu Manchu défoncé à la coke. Et notre ami Jean Claude dans tout ça ? Traînant sa carcasse de j'm'en foutisme les 3/4 du métrage (Il avouera plus tard n'avoir fait le film que pour son cachet de 8 Millions de Dollars, le plus gros de sa carrière), il daigne se bouger les fesses à la toute fin lors d'un combat final avec un Bison dopé aux hormones et ou il nous gratifie de son fameux "coup de pied hélicoptère". C'est peu mais il faudra s'en contenter.
Vous l'aurez compris, STREET FIGHTER est un film "autre", un ovni, un gloubiboulga mal digéré mais attachant à bien des égards. Le budget se voit à l'écran malgré une réalisation faiblarde et les acteurs, a défaut d'être convaincant, ont l'air de s'amuser.
De son côté, CAPCOM ayant senti le ratage, a décider de faire en parallèle un long métrage animé. STREET FIGHTER II LE FILM, sorti au Japon en 1994 se montre bien plus convaincant et fidèle que l'adaptation live. Animation sans faille, réalisation au top, combats nombreux et brutaux, le D.A se montre très généreux même lorsqu'il s'agit de dévoiler l'anatomie "hors normes" de Chun Li !
Et pour finir, pour les fans les plus hardcores du film, sachez que CAPCOM n'a pas eu froid aux yeux et a sorti le jeu STREET FIGHTER adapté du film ! Le chat qui se mord la queue, en somme...
N.B