[TEST] Tom Clancy's Splinter Cell (2002)
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L'infiltration est certainement l'un des registres vidéoludiques les moins unifiés qui existent. Alors que les ténors MGS, Thief et Hitman ont chacun imposé une vision tout à fait singulière du genre fin 90/début 2000, un jeu allait leur emboiter le pas quelques années plus tard en amenant avec lui une recette tout aussi novatrice.
Avec Splinter Cell, l'optique adoptée est celle du réalisme et de la subtilité. Plus question de rentrer dans le tas et de foncer jusqu'à l'objectif ; la réussite de la mission tient ici plus qu'ailleurs à la discrétion de l'agent infiltré, à sa capacité à se faufiler à travers les niveaux telle une ombre fugitive. Avec l'équilibre diplomatique du monde comme principal enjeu narratif, et surtout dans la mesure où une seule alerte est souvent synonyme de game over, le joueur ne se fera pas prier pour peser chacun de ses mouvements avant de s'exécuter.
Resté exclusif à la Xbox quelques mois durant, SC s'est immédiatement imposé comme l'une des prouesses techniques les plus impressionnantes du début de l'ère 128 bits ; avec en premier lieu sa gestion inouïe du couple ombre/lumière (dont l'impact sur le gameplay est primordial) et la finesse époustouflante de son animation.
Le port PS2 qui nous intéresse ici (dans la mesure où c'est la version qui m'a fait connaître le jeu), très propre au demeurant, recèle toutefois son lot d'imperfections, entre un framerate au rabais et la modélisation passable de certains personnages. On s'y fait, mais c'est dommage. Plutôt linéaire, le jeu se rattrape avec un level-design exquis (même si parfois légèrement redondant) et une ambiance aux petits oignons. L'IA un peu limitée n'aide en revanche pas beaucoup l'expérience, qui n'avait manifestement pas besoin de ça pour rester dans les annales.
Renouveler un genre en profondeur n'est pas donné au premier venu. Splinter Cell, c'est l'évidence même du trip de l'agent secret infiltré et invisible qui s'offre au joueur, captivé à coup sûr par ce jeu d'ombre et de lumière rendu avec une incroyable finesse. L'adaptation PlayStation 2 peine peut-être à traduire toute la superbe du jeu d'origine, elle n'en figure pas moins au panthéon des escapades furtives les plus mémorables qui soient. Sam Fisher, déjà au sommet de son art.